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FLOUES ▲ Hidden Secrets

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Message par Hazel Grace. Sam 19 Avr - 11:16

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      Dans un futur bien particulier, quatre amies se sont perdues de vue. Une seule a disparu, les autres veulent la retrouver. Mais peut-on être sur de tout savoir sur nos amis quand on ne les a pas revus depuis la fin du lycée. Inès, la plus jeune, déterminée, avec de l'espoir. Elle a 25 ans, s'apprête à fêter son anniversaire de 26 ans. Célibataire depuis toujours, elle compte surtout sur ses amies. Elle enchaine concours de dessins avec travail à l'animalerie, bien décidée à vivre une vie parfaite. Mais l'envie de retrouver sa meilleure amie la pousse à déménager vers Paris. Estelle, un peu plus âgée, timide, attentive et toujours à aider les autres. Son anniversaire de 26 ans vient de passer. Son petit copain a déménagé chez elle en tant qu'ami car tous deux sont trop timides. Elle va rejoindre Inès à Paris quand elle aura fini son stage de théâtre en Bretagne, là où elle vit depuis ses 19 ans. Elle cherche le bonheur de ses amies, y compris la disparue.Lucie, la plus vieille, plus folle, plus active est pleine de vie. 10 jours après Estelle, elle a fêté ses 27 ans et a emménagé avec Inès à Paris. Ses parents l'avaient envoyée en Corse pour suivre des études de sciences qu'elle a toujours étudiée. Une bombe aux cheveux blonds, teint bronzé, elle est pourtant célibataire, attendant le coup de foudre qui la fera rougir.Julie, 25 ans, aucune nouvelle depuis ses 18 ans, quand elle est partie pour Paris.Et pourtant, un jour, les unes découvriront les secrets des autres, qu'elles ne parviendront pas à dissimuler éternellement.

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Message par MeiMei Sam 19 Avr - 12:08

Mon livre préféré par mon écrivain préféré, quoi de mieux ?
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FLOUES ▲ Hidden Secrets Empty Re: FLOUES ▲ Hidden Secrets

Message par YoloDestiny Mar 29 Avr - 14:44

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Message par Hazel Grace. Dim 4 Mai - 15:42

Chapter I : Jelly - JELI

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24 Février 2028, 18 :26, Paris.

Les lumières s’allument une à une dans la rue du Grand Boulevard. Je déteste ces lumières. Pourquoi ? Parce-que quand quelqu’un éclaire sa maison, tout le monde le suit. Personne n’est indépendant et je trouve ça déprimant. Moi, quand je vois un rayon de soleil, j’éteins la lumière. Eux, quand ils voient le soleil se lever c’est le signe qu’il faut encore plus éclairer leur maison. J’aimerais bien comprendre leur logique mais je ne vois pas. C’est normal, ce n’est pas logique. Normalement, quand on voit de la lumière, on n’a pas pour réflexe d’en allumer une autre. Mais bon, je disais juste cela car mon voisin vient d’allumer sa lampe de chevet. Je sais, je sais. Ce n’est pas bien d’espionner, c’est ce que vous allez me dire. Et bien je n’espionne pas. J’observe. D’ailleurs, être curieux, c’est très important, sinon je ne serai pas ici. « I came all… » Je ramasse mon téléphone et claque ma fenêtre :
« Inès ! Tu es encore en train d’espionner le voisin !
- Bonjour Lucie, je suis ravie d’entendre ta magnifique voix.
- Bref, j’arrive.
- Et…?
- Et je t’ai acheté un pain au chocolat.
- … Qu’est-ce-que tu voulais me dire avant que tu te rendes compte que j’espionnais le voisin ?
- Pfff. Estelle arrive demain ! IIIIIIIH !
- Cool. N’oublie pas que la clé est sous le pot de fleurs et pas dans le pot de Nutella.
- Hahaha. Très drôle. Je te rappelle que c’est de ta faute.
- Ouais, ouais. Bye. »
Lucie est toujours aussi… dynamique pendant ses discours. Elle essaye sans cesse de trouver une excuse valable pour telle ou telle chose qu’elle a oublié. L’histoire du pot de Nutella est bien réelle. Mais en effet, c’est de ma faute. Passons, je parlais de … ? Ah oui, le voisin, être curieux. Je peux vous dire que le voisin a 23 ans, il étudie à la FAC de médecine, il est grand, brun aux yeux noirs et il est juste très… impoli pour être poli moi-même. La première fois que je l’ai rencontré, j’ai cru que c’était mon ancien camarade de classe, David, mais je me suis vite rendue compte que David n’était pas comme ça. En fait, il s’appelle Timothy Smith et c’est le fils de l’ancien maire du 17ème arrondissement. Il a décidé de venir dans le 15ème suite à une dispute avec son père. Sinon, il n’est franchement pas terrible niveau goûts vestimentaires et ne parlons pas de la musique qu’il écoute. Il est égoïste, égocentrique et n’aime pas mes yeux. Bref, il est hor-ri-ble. Il passe son temps à manger le petit bout de cheveux qui dépasse de sa tête, il me regarde d’un air « Je suis le meilleur de tout ce monde et tu me trouves parfait ». Des fois, quand je regarde sa lampe de chevet qui s’allume, je remarque qu’il ouvre ses volets et jette un coup d’œil dans ma direction.
Je ferme mes volets et m’allonge sur mon lit. J’ouvre mon ordinateur portable. Vous savez, celui qu’on reçoit au lycée et qu’ensuite on peut garder toute sa vie, je me suis réellement attaché à lui. La première chose que je remarque est que la page d’accueil est toujours aussi simple et moche, quelques-fois j’aimerais prendre un crayon de couleur magique et tout retracer de ma propre main. Je ne me vante pas, mais je suis sure de pouvoir faire quelque-chose de mieux. En tout cas, un minimum plus intéressant à regarder. Lucie devrait arriver et je vais me retrouver à m’asseoir sur elle pour la calmer. Sauf si quelqu’un d’autre a réussi à l’apaiser avant moi. D’ailleurs, j’entends un chien aboyer, donc elle est rentrée, je ferai mieux d’aller la voir. Je ferme doucement mon ordinateur mais la page des favoris attire mon regard. En bas, à droite, une image violette avec des bulles est restée là, pendant des années. Je clique sur le lien et la page s’affiche. En haut, le nom du site s’affiche en gros avec un petit dessin rouge. Je me rappelle avoir créé ce site l’année de mes 11 ans, mais c’est tout. Ensuite, je me surprends à cliquer sur le premier lien, Présentation du site il me semble. Je me rends ensuite compte que je suis connectée en tant que MeiMei et que je ne suis pas la seule à être enregistrée. Une bonne cinquantaine de pseudos inscrits de toutes les couleurs. Pourtant, Lucie ne va plus sur internet et Estelle passe son temps au théâtre. Il ne reste qu’une personne capable de mettre des pseudos en couleur, donner des grades, poster des reviews. Et cette personne n’est pas moi. Je cherche parmi les pseudos et dès le début, j’aperçois un nom en bleu foncé. Dodze25. C’est Julie. Je le sais. Et elle tient ce forum toute seule. Même si on l’a abandonné. Elle tient à nous. Elle ne veut pas se séparer entièrement du passé. Bien sur, elle doit croire qu’on ne vient plus sur le forum. Et bien, je sens que je vais repasser ici de temps en temps. Et que je vais en parler aux autres. Mais pas question de poster des messages ou messages privés, non, il faut rester discrètes si on veut pouvoir découvrir qui est Julie.
La porte d’entrée claque pendant que Lucie rentre en trainant des pieds, une belle griffure rouge sang sur son épaule. Je la regarde pendant quelques secondes et lève les yeux au ciel avant de lui raconter ma petite découverte :
« Tu savais, toi, que notre forum marchait merveilleusement bien grâce à une jeune femme du nom de Julie ? Et que son pseudo est Dodze25 sur le site du nom de Jelly.
- Non. M’en fiche… Attends ! Julie ? Mais c’est super !
- Oui et maintenant je sais que Jelly va beaucoup nous servir.
- Oui, Jelly et dans les deux sens. Jelly pour le site et JELI pour nous quatre.
- J’ai hâte de commencer les recherches ! »


*

Même jour, même heure, même ville.

« Ça me saoule ! Raaaah ! »
Je ne sais absolument pas pourquoi je me suis mise à crier devant le Carrefour du coin. Enfin, je sais pourquoi, mais je ne sais pas comment. Mon caddie est coincé entre les deux autres. Voilà comment finir la journée comme on l’a commencée : mal. Le jeton s’éjecte du caddie et roule jusqu’à mes pieds. Je respire, la ramasse et recommence le procédé, sans plus de succès. Ce genre de choses n’arrive qu’à moi. En plus, je devrais prendre un panier, vu que je ne viens acheter que des yaourts. Mais avec moi, il vaut mieux prévoir de la place. En tout cas, après avoir essayé trois fois cette pièce, je crois que je vais laisser tomber. Une jeune femme s’approche à son tour, et me regarde avec étonnement. Elle sort une pièce, la rentre dans le trou prévu à cet effet et tire le caddie vers elle. Il s’enlève de la ligne et elle s’en va en trottinant. Ce genre de choses n’arrive qu’à moi. C’est pour ça que ça m’énerve autant. Bien sur, je ne vais pas rester là éternellement. Je devrais peut-être demander à Inès de faire les courses. Ou prendre un panier.
« Mademoiselle, vous avez besoin d’aide ? »
Les garçons de Carrefour sont tellement ringards des fois, celui-ci me regarde avec envie, comme tous les autres. Il me tend la main sans quitter mes yeux.
« Non merci, ça va »
Un grand coup de pied dans les caddie, et il est sorti. Voilà qui est fait. Je peux enfin m’éloigner de cet endroit insupportable. Mais je sais que les courses ne sont pas finies. Comme je le disais, je dois acheter des yaourts, qui se trouvent, logiquement, dans le rayon des produits laitiers. Mais, comme je n’ai pas envie de faire les courses pour les yaourts de mademoiselle Inès, je vais plutôt passer par le rayon légumes qui est à l’autre bout du magasin. J’irai chercher son aliment immonde aux fruits B-I-O à la fin de ma promenade. Enfin, je pense. Le problème, c’est que je n’ai rien à acheter, je vais devoir trouver une sacrément bonne excuse pour ne pas passer pour une amie indigne. Le premier rayon comporte en majorité, non, entièrement de la nourriture immangeable. C’est à dire, du vert, du vert, du vert et puis, au loin, un peu de rouge. Je repense à la fois où Inès n’avait acheté que des légumes. J’avais vraiment envie de la tuer. Vraiment. Mais je ne l’ai pas fait. Parce-que elle compte pour moi. Pas comme une certaine fille de ma connaissance. Bon, le deuxième rayon est déjà un peu plus intéressant, je jette d’ailleurs quelques produits dans mon caddie. Je passe donc quelques rayons mais sans faire attention à ce que j’achète. Après tous les rayons inintéressants, arrive LE rayon.  Si quelqu’un ne sait pas ce que c’est, c’est le rayon sucré, celui avec les bonbons, les gâteaux et toutes les choses intéressantes. Je ne pense pas qu’Inès serait contente si elle était avec moi. Après tout, me voir comme une gamine, devant les bonbons, yeux grands ouverts, étoiles dans les pupilles. Tout a fait le genre de personnes qu’Inès déteste. Tout a fait le genre de personne qu’Inès pourrait tuer sans même hésiter, et pourtant, c’est une fille vraiment douce. Quand je me retrouve dans le rayon, je commence d’abord par me demander combien ça va me couter. J’estime environ une cinquantaine d’euros pour toutes les sucreries et une centaine pour le reste. Ensuite, je ne sais pas exactement combien il me faudra pour les yaourts de princesse Inès. Après tout, la dernière fois elle m’en avait demandé environ deux cents. De tous les biscuits, certains sont vraiment affreux alors que d’autres sont succulents. Moi, je sais les reconnaître parfaitement. Rien qu’à l’emballage, rien qu’à la couleur. C’est pour ça que les Oreos ont fait un succès, ainsi que Lu et toutes les autres marques connues. Vous croyez que Haribo a, un jour, sorti un paquet de bonbons gris pour attirer l’attention de tous les acheteurs. Non, pas du tout, ils ont dû choisir les couleurs, les gouts, les formes et tout le reste. Je sais, c’est bizarre les filles comme moi, qui passent leur vie à parler de sucreries. Mais je ne peux pas m’empêcher de fondre pour le sucre. Mon caddie est rempli de paquets colorés et je peux enfin sortir de ce rayon piégé. Mais, pile au moment où je me levais, un idiot brun me rentre dedans avec des tonnes de biscuits. Je me demande pourquoi il a besoin d’autant de paquets. Et pourquoi il m’est rentré dedans comme ça, dans un rayon de supermarché. Ma tension commence vraiment à monter, vraiment. Les garçons comme ça, je les déteste autant qu’Inès déteste les gens qui aiment les sucreries, enfin, vous comprenez. Bon, je lève la tête vers le jeune homme, c’est un garçon charmant, avec un regard profond. Il ferait craquer n’importe quelle fille, mais pas moi. Je ne suis pas du genre à tomber sous le charme de personnes qui me bousculent dans un rayon de supermarché. Après, chacun son gout. Et puis, il a surement déjà une femme dans sa vie.
« Chéri, dépêche toi ! Elsa nous attend ! »
C’est d’ailleurs une jeune femme qui l’appelle, et elle l’attend avec sa fille, en devinant bien. Au moins, il est heureux, fiancé ou marié, riche sans hésitations et puis, il a surement un boulot stable, pas comme notre petit groupe avec nos petits boulots. Mais après tout, si ça se trouve, il va divorcer, passer une année nulle et perdre son boulot. Qui sait tout ça. Mais je sais aussi qu’une vie ne bascule pas comme ça. Je me lève donc en regardant une dernière fois le jeune homme, son regard me dit quelque-chose. En me dirigeant vers le rayon des produits laitiers, j’achète un livre de Lia Yujuvec : « The Smile of Today » qui est apparemment vraiment bien. J’ai déjà lu quelques-uns de ses livres, son style est vraiment bien. En arrivant devant les yaourts, caddie plein, mon téléphone sonne. J’espère que ce n’est pas Inès, ça va m’énerver sinon. Je regarde l’écran, Estelle. Qu’est-ce qu’elle veut encore me dire celle-là ?
« Hey Topy ! Ca va ?
- Ouais, ouais, je fais les courses quoi.
- Ah oki. Juste pour te dire que j’arrive demain.
- Oh mais Estelle, c’est génial ! Mets un peu plus d’enthousiasme quoi !
- Ouais, mais je vais devoir laisser Clément…
- Oh, tu le reverras bientôt ma puce.
- Je sais mais on vient de s’engueuler.
- Alors vas t’excuser et tu ne regretteras rien.
- Ok. Tu préviens Mei’ ?
- Bien sur, elle m’attend.
- Laisse moi deviner, tu fais les courses pour des yaourts ?
- Et ouais.
- Bonne chance.
- Merci.
- A demain !
- A demain Pearl ! »
Encore nos vieilles habitudes du collège, notre vieille amitié qui reste également. Dire que j’ai failli oublier Clément, le meilleur ami d’Estelle. Même si on doute que ça ne soit pas plus que ça. Elle est tellement attentive, réconfortante avec lui. Je suis sure qu’elle l’aime. Et lui aussi d’ailleurs. Je regarde la couverture du livre, elle me dit quelque-chose, comme le regard du jeune homme. C’est une journée bien étrange. Ce sentiment de bien être, je le connais. Et la dernière fois, c’était le jour où Julie a disparu. Alors je préfère ne pas y penser. Mais après tout, si ça voulait dire que j’allais retrouver Julie. Je me précipite hors du rayon et me cogne dans un jeune homme avec une étiquette de vendeur de produits laitiers. On dirait que les garçons me tombent tous dessus aujourd’hui. Je regarde le jeune homme qui écarte les yeux, rougit vraiment bizarrement avant de se précipiter vers son petit porte-produit et trébuche lamentablement sur le stand de pots de yaourts Danone fruités. Vraiment lamentable. Mais il me fait de la peine, ce pauvre vendeur qui n’a rien d’autre à faire que de vendre des yaourts à des personnes dérangées. Franchement.
« Je suis désolée, monsieur. »
Oui, ce n’est pas ce qui lui aurait fait le plus plaisir, mais c’est déjà ça. J’aurais pu rigoler et partir en marchant sur sa cravate ridicule. Mais je me suis retenue. J’aurais mieux fait de l’écraser car il n’a pas pu s’empêcher de se relever, me prendre la main et la baiser. Horrible, en plus il y avait de la salive partout. Je le regarde s’éloigner avant de m’essuyer. Pourquoi est-ce que je suis aussi gentille avec lui, d’abord. Je devrais faire comme avec tous les autres, essuyer ma main sur sa cravate et me retourner avant de partir. Quelque-chose cloche chez moi, c’est vraiment énervant. J’attrape mon caddie, jette tous les produits par terre, ramasse le livre et passe par la caisse rapide. Le vendeur n’aura plus qu’à ramasser mes affaires. Quel dommage. Mon livre sous le bras, je fonce vers ma voiture, garée à l’entrée, comme toujours. Avec un charme comme le mien, il suffit de sourire pour avoir une place. Je jette mon livre à l’arrière et démarre ma Twingo toute vieille, moche et qui sent mauvais. La dernière partie, c’est à cause d’Inès, elle mange toujours ses yaourts à la cerise à côté de moi, c’est horrible. Je me demande encore comment s’appelle se vendeur. Oh, et puis, on s’en fiche en fait. Le trajet passe tellement vite que je ne me rends même pas compte que je suis garée en arrivant devant le garage. En fait, je me gare devant le garage parce-que Inès a oublié de prendre une place de parking avec le studio, déjà trop petit pour deux. Je dors dans le lit, et elle sur le canapé. Oui, c’est elle qui a payé le studio, mais c’est elle qui a pris un studio trop petit pour deux, bientôt trois. Je me demande comment on fera. Estelle sur le canapé, moi dans le lit et Inès par terre. C’est une bonne idée, ça. Je sors de la voiture, attrape le livre et ouvre le coffre pour prendre les yaourts. Et là, je me rends compte que je n’ai pas acheté ses yaourts. Je vais vraiment mourir. Je le sens mal. Mon livre dans la main, je me dirige vers l’ascenseur. Non, je ne suis pas flemmarde, mais Inès a acheté un studio au 32ème étage, et je n’exagère pas, elle a dit qu’au moins, on profitait d’une belle vue de Paris. Une vue sur la pire rue du monde, oui. Mais, là, je pense plutôt à la raclée que je vais me prendre, il me faut vraiment un miracle. Peut-être un accident, ou une explosion. Je ne sais vraiment pas quoi dire sans que ça soit louche. En regardant dans l’ascenseur, je me rends compte que la fenêtre était ouverte. Oh non. Pas encore. Inès ouvre tout le temps la fenêtre. Mais pas pour l’air, pour le voisin. Mon téléphone s’allume.
« Inès ! Tu es encore en train d’espionner le voisin !
- Bonjour Lucie, je suis ravie d’entendre ta magnifique voix.
- Bref, j’arrive.
- Et…?
- Et je t’ai acheté un pain au chocolat.
- … Qu’est-ce-que tu voulais me dire avant que tu te rendes compte que j’espionnais le voisin ?
- Pfff. Estelle arrive demain ! IIIIIIIH !
- Cool. N’oublie pas que la clé est sous le pot de fleurs et pas dans le pot de Nutella.
- Hahaha. Très drôle. Je te rappelle que c’est de ta faute.
- Ouais, ouais. Bye. »
Je déteste quand elle me raccroche au nez comme ça. Arrivée au 24ème étage, je descends de l’escalier et je prends les escaliers, car l’ascenseur ne monte pas plus haut. Je trébuche sur la marche au 27ème étage et j’arrive à l’étage essoufflée. J’arrive au mauvais moment d’ailleurs car la voisine d’à côté sors de son studio avec son gros chien Peter. Je déteste ce chien comme tous les animaux domestiques qui grognent. Il me déteste en retour d’ailleurs. Il s’approche de moi et, sans que je n’ai le temps de réagir, aboie avant de se jeter comme un fou. Il me laisse une belle marque rouge sur l’épaule. Ca me brule vraiment mais je cours quand même vers le dernier étage où Inès m’attend déjà. En arrivant devant notre porte, le numéro 1234, je sais c’est un pur hasard, je sors mes clés de sous le pot de fleurs mais je me rappelle ensuite que la porte est ouverte. Je pousse légèrement l’ouverture et me glisse vers la cuisine en prenant bien soin de fermer la porte. Sauf que la cuisine se trouve dans la même pièce que la chambre et le salon, donc Inès me voit. Elle lève les yeux au ciel et commence :
« Tu savais, toi, que notre forum marchait merveilleusement bien grâce à une jeune femme du nom de Julie ? Et que son pseudo est Dodze25 sur le site du nom de Jelly.
- Non. M’en fiche… Attends ! Julie ? Mais c’est super !
- Oui et maintenant je sais que Jelly va beaucoup nous servir.
- Oui, Jelly et dans les deux sens. Jelly pour le site et JELI pour nous quatre.
- J’ai hâte de commencer les recherches ! »
Elle a des étoiles dans les yeux, vraiment. Je suis tellement heureuse pour elle que j’oublie ses yaourts. Elle n’est pas en dépression donc ça va. Une fois, en rentrant, je l’avais retrouvée allongée sur le lit avec une cinquantaine de pots de yaourts partout sur son lit. Elle était dépressive à l’époque, toujours à pleurer. Elle était fragile, maintenant, elle se contrôle même si Julie lui manque vraiment. Je me dis qu’il faut prévenir Estelle et malgré le fait qu’elle doive se réconcilier avec Clément, je vais quand même l’appeler. Ca lui remontera le moral. J’espère. Le téléphone sonne mais elle ne répond pas.
« Rappelle moi Estelle, ça concerne Julie. Ca compte beaucoup pour Mei’. Essaye de te dépêcher. »
Inès explore notre site, complètement bouleversé par l’arrivée de Julie. Les catégories sont plus nombreuses, les inscrites sont actives. Je suis même jalouse de ma petite Dodze. J’ai hâte de la revoir.


*

Bretagne, même jour, même heure.

Extenuée. C'est le seul mot que je trouve pour décrire mon état actuel. Pendant la dernière heure de stage de théâtre, je n'ai même pas retenu le nom du personnage principal de la pièce lue par Hazel. Hazel est vraiment géniale mais je n'étais pas assez réveillée pour l'écouter. D'ailleurs, en ce moment je n'arrive à écouter personne. Je suis toujours sur mon ordinateur à chercher des indices sur la nouvelle vie de mon amie. De ma meilleure amie. D'une jeune fille qui a été ma meilleure amie à une époque. De Julie. Voilà, c'est mieux. Mais ça fait des années que je n'y arrive pas. Je me concentre mais c'est plus fort que moi, si je cherche Julie, je me sens coupable. C'est peut-être la seule chose que je déteste. Me sentir coupable pour des choses inutiles. Non. Ce n'est pas la seule chose que je déteste, mais là, c'est la seule chose qui mérite mon attention. Mon attention, je devrais plutôt la porter à la route qui avance un peu trop vite. Je freine légèrement malgré mon inexpérience. Rien que freiner peut causer un accident avec moi. J'ai eut mon permis au bout de quatre ans. À chaque fois que j'essayais, je cassais quelque-chose, au plus grand plaisir d'Inès. Surement parce-que pour une fois, ce n'est pas elle la plus maladroite du groupe. Elle a eut son permis deux semaines après sa majorité, légèrement avant Lucie. Je l'ai eut pour mes 23 ans. Vraiment attardée, en effet. Lucie n'a pas raté son permis une seule fois, donc vous allez vois demander pourquoi elle l'a eut après Inès, sachant qu'elle avait 19 ans à l'époque. Non, ce n'était pas pour attendre ses deux meilleures amies, car on aurait bien voulu bénéficier d'un véhicule motorisé pendant notre première année de concours. Lucie s'est cassé le poignet une semaine avant son premier essai de permis de conduire, elle a ensuite décidé de nous attendre pour être sure de réussir. Lucie est vraiment folle, au fond. Mais elle n'est plus aussi hyperactive qu'à notre époque d'or. L'époque où notre groupe était constitué de plus de trois personnes éloignées, dans des contrées perdues de Bretagne et de Corse. Tout ça pour dire que j'ai failli renverser une pauvre fillette d'environ 11 ans. Une petite sixième. Comme Julie, qui se promenait inconsciemment sur la route, car de tout façon, personne ne l'attendait. Elle nous avait expliqué ça une fois. Elle ne regardait pas la route, et Esther l'a arrêtée juste à temps. On lui a demandé pourquoi elle ne faisait pas attention et voici ce qu'elle a répondu. " Tout le monde me pose cette question. Si j'avais regardé la route, Esther ne m'aurait pas arrêtée car je n'en aurais pas besoin mais je me serais laissée périr doucement. Qui a besoin de vivre une vie sans amies, j'étais seule, vous me détestiez toutes et je venais de déménager. Et vous, je sais que vous m'arrêteriez car je vous adore et que c'est réciproque. J'étais seule, toujours seule. Personne ne m'attendait de l'autre côté du passage. Personne. " Elle  avait pleuré. Car en effet, il n'y avait aucun ami pour l'attendre en face. Elle se serait fait renversée. Je ne l'aurais peut-être pas connue comme meilleure amie. Mais passons, mon freinage est à perfectionner. Ça fait quand même 4 ans que j'ai mon permis, les policiers me l'enlèveraient sans hésiter si ils me voyaient actuellement, en train de tuer tous les piétons. J'exagère, mais je préfère être préparée à ce retrait prochain. Heureusement, Lucie et Inès m'accompagneraient partout une fois à Paris, elles ne sont pas comme moi, elles. Elles font attention à la route même à 22 heures le soir. Pendant de longues années, elles m'ont soutenues et m'ont accompagnée à toutes les soirées possibles. Maintenant, je suis jalouse. Oui, après tant d'années passées ensembles, je suis jalouse d'elles. C'est comme si mon cerveau me disait qu'elles étaient heureuses alors que je périssais en Bretagne. Je sais que c'est faux. J'ai mon meilleur ami à mes côtés. Clément. Toujours là pour moi. On ne se dispute pas. Il est calme, studieux, il m'adore, je l'adore, il est beau, drôle. Mais il n'est pas comme Inès. Il n'est pas comme Lucie. Il est à part. Je ne peux pas lui confier tous mes secrets. Mais quand je le regarde. Je ressens ce petit quelque-chose qui fait que je l’adore. C’est tellement fort qu’on a quand même décidé d’emménager ensembles. Pourtant c’est moi qui avais refusé à la sortie du lycée, je n’ai accepté que quelques années après. Il continuait de me demander quand j’accepterais sa proposition. Je ne lui répondais plus, je ne voulais plus voir ses yeux abattus. Mais j’ai fini par accepter, preuve que je suis maintenant en Bretagne, sous la pluie, alors que mes meilleures amies s’amusent à Paris. Peut-être pas, mais même. Moi, je suis obligée de supporter les gouttes d’eaux énormes qui s’écrasent sur mon pare brise tous les soirs en rentrant du théâtre. Heureusement, je dispose surement de la meilleure maison du groupe. Enfin, de Lucie, Inès et moi-même. Alors que mes deux amies se partagent (Au grand malheur de Lucie), un studio de, je dirais, maximum trois pièces. J’ai appris qu’Inès devait même dormir sur le canapé. Clément vivait en Bretagne avant de venir à Montpellier, ça n’a pas été compliqué pour lui de trouver une maison. On a donc emménagé dans une grande maison, spacieuse, avec des belles fenêtres et une vue sur la mer. Cela paraît peut-être idyllique mais en vérité, la mer consiste plutôt en des vagues grises peu accueillantes qui s’écrasent sur la plage de cailloux marrons ou, pire, noirs. Inès m’avait prévenue, si je partais en Bretagne, je ne me régalerais pas autant que si je partais en Corse, comme Lucie. Mais, au final, c’est Inès, partie à Paris, qui préférait son habitation. Avant que Lucie n’arrive. Car, trois pièces, pour une étudiante en arts plastiques, c’est bien assez grand. C’était sans compter sur l’arrivée de Lucie, si agitée, si encombrante. Au moins, je suis tranquille. Sauf si je pars. Et, bien sur, avec Clément, on a prévu que je parte demain. Il me rejoindra plus tard, en fin de printemps. Je n’imagine même pas le bazar infernal que ça fera à Paris. Trois pièces, trois étudiantes. Une en arts plastiques, une en littérature théâtrale et une en sciences. Mais Inès a fini sa formation, a pris un emploi à mi-temps dans une animalerie. En fait, elle travaillera le lundi, mardi, jeudi et vendredi pendant presque toute la journée. Le soir, le mercredi et le samedi, elle va donner des cours d’arts plastiques. Lucie a définitivement abandonné les études après trop de souffrance en Corse. Il me semble qu’elle a trouvé un travail au collège en  tant que secrétaire. Le lundi et mardi, en tout cas. Il me semble que le mercredi, elle s’occupe du centre aéré de l’école maternelle et primaire. Le jeudi, vendredi et samedi, elle s’occupera d’être concierge dans un grand building au centre de Paris. Elle déteste tous les boulots trouvés par Inès, qui a pourtant mis toute sa bonne foi dedans. Oui, elle a vraiment tout fait pour gâcher les journées de sa meilleure amie. Elles s’adorent mais ne ratent aucune occasion pour se chamailler. Et moi, moi, je vais enchainer les stages de théâtre, mais très irrégulièrement. J’ai donc trouvé un boulot 6h-19h le lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi dans une charmante petite boulangerie. Je n’aurais que le dimanche de libre. Mais ça me plait de toujours avoir quelque-chose à faire, pas le temps de se poser des questions. Je commençais vraiment à être débordée avec les recherches sur Julie. Mais Lucie m’a prévenue que la vie avec Inès, ce n’est pas la vie avec mon meilleur ami. Inès crie, donne des ordres, pleure, fait des dépressions et surtout, elle est vraiment à fond dans ce qu’elle fait. Tirée de ma rêverie par la pluie qui tambourine sur la voiture, je me gare devant la belle maison blanche et sort mes affaires de stage, quelques feuilles pliées, un costume, bref, le matériel nécessaire à une comédienne. Clément m’attend dans la cuisine avec un air sérieux. Je m’approche de lui et lui claque deux bisous sur la joue. Il garde une tête affreuse. Je dépose mes affaires sur la table et il les renverse par terre. Je dois lui lancer un regard blasé parce-que il se lance dans un discours :
« C’est à cette heure-ci que tu rentres ? Parce-que je t’ai attendue toute la soirée pour commander des pizzas. Ou aller au cinéma puis manger au cinéma. Et arrête avec ce regard qui me dit que je suis un fou parce-que tu m’énerves vraiment. On avait bien dit qu’on ne prenait pas d’heures supplémentaires, et je t’ai déjà reproché ça une dizaine de fois ! J’aimerais bien que tu rentres ça dans ta pauvre tête d’étudiante perdue ! Et ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi je parle !
- Clément… Je n’ai pas pris d’heures supplémentaires aujourd’hui. Je n’en ai jamais pris. Tu sais bien que je suis dans une période difficile et tout ce que tu trouves à faire c’est me crier dessus. Heureusement que je pars demain.
- Oui, c’est ça, enfin ! J’en avais vraiment marre de te voir trainer dans cette maison en mangeant des croissants du bout des doigts.
- Clément… Si tu le prends comme ça, ce soir, on mange raviolis en boîte.
- Et maintenant tu fais du chantage ! Tu sais bien que je déteste ça donc tu te venges !
- Et dire que je comptais passer une soirée tranquille ! Mais c’est trop demandé ? Et bien, oui, monseigneur, je fais des raviolis en boîte parce-que je suis fatiguée, j’en ai marre de Julie, de toi, de toutes mes amies qui me rappellent que je ne suis qu’une fille perdue, qui cherche sans cesse des excuses. Mais toi, toi, c’est le pire. Toujours à m’engueuler quand j’essaye de me sentir bien dans ma peau ! Je suis bien contente de partir. Idiot !
- Estelle…
- Laisse moi tranquille ! Je vais préparer le diner. »
J’ai les larmes aux yeux. Je n’arrive pas à croire que Clément m’insulte de la sorte. Je fais de mon mieux pour cacher mes problèmes et il me les renvoie à la figure. Je suis vraiment une imbécile. Une véritable demeurée. C’est normal qu’il déteste une fille aussi minable. En versant les raviolis dans la casserole, je me rends compte que je n’aurais jamais crié sur Inès comme ça. On dirait un couple. Un couple. Si seulement on était un couple. Je l’adore, mais des fois j’ai l’impression que c’est plus que ça. Je me jette sur une chaise lamentablement et sors mon téléphone de ma poche. Au moins, je connais quelqu’un qui pourrait me remonter le moral :
« Hey Topy ! Ca va ?
- Ouais, ouais, je fais les courses quoi.
- Ah oki. Juste pour te dire que j’arrive demain.
- Oh mais Estelle, c’est génial ! Mets un peu plus d’enthousiasme quoi !
- Ouais, mais je vais devoir laisser Clément…
- Oh, tu le reverras bientôt ma puce.
- Je sais mais on vient de s’engueuler.
- Alors vas t’excuser et tu ne regretteras rien.
- Ok. Tu préviens Mei’ ?
- Bien sur, elle m’attend.
- Laisse moi deviner, tu fais les courses pour des yaourts ?
- Et ouais.
- Bonne chance.
- Merci.
- A demain !
- A demain Pearl ! »
Lucie, toujours là pour me redonner le sourire. Elle est vraiment géniale cette fille. Toujours là pour me remonter le moral. Mais bon, il ne faudrait pas que ça dépasse les limites, il ne faut pas qu’elle devienne folle. Je décide de suivre ses conseils, d’aller voir Clément, de m’excuser en mangeant ses raviolis. Je sors donc un paquet de riz, le verse dans une deuxième casserole avec de l’eau et attend que ça soit près. En l’appelant à table, je prends les deux casseroles et les pose sur la table. Il me regarde avec surprise et je lui donne une cuillère. Je le regarde, il me rend le regard et un grand sourire se dessine sur son visage. Je prends ma portion de raviolis et l’attends.
« Désolée, je suis vraiment désolée de t’avoir remballé comme ça.
- C’est de ma faute, p’tite Perle.
- Mais non, c’est moi, j’ai trainé en chemin.
- Tu as pensé à tes amies, et ça c’est quelque-chose d’extraordinaire.
- Non. Je suis nulle comme meilleure amie.
- Peut-être. Mais pas pour moi.
- Clément… Tu es génial, je vais compter les secondes avant de te voir débarquer à Paris.
- Et moi je vais attendre pendant tellement longtemps avant de t’entendre rire, le rire que j’adore, le rire que tu me donnes quad tu es de bonne humeur.
- Tu sais que tu as un rire tellement plus beau que le mieux.
- On se Skypera Estelle.
- Non, on se verra de temps en temps. Je n’ai pas envie de te skyper, ça fait trop mal de ne pas te voir en vrai, ne pas pouvoir te…
- Oui ?
- Non. Rien. Ah si, je t’aime.
- Estelle…
- Désolée, ça faisait trop longtemps.
- Trop longtemps que tu voulais me le dire ?
- Oui.
- Ou trop longtemps que tu m’aimes ?
- Les deux.
- Moi aussi. »
Et ce sourire-là je ne l’oublierais jamais. Je lui rendis le regard qu’il posait sur moi. Ça devait faire une demi-heure qu’on restait comme ça quand mon téléphone sonna. Je le laisse sur le côté. Il peut attendre, lui. Clément, non.
« Rappelle moi Estelle, ça concerne Julie. Ca compte beaucoup pour Mei’. Essaye de te dépêcher. »
Je regarde Clément, il me fait signe que ça va, que je peux rappeler. Je sors donc de la pièce et entre le numéro de Lucie.
« Hey Pearl ! Pourquoi tu n’as pas répondu ?
- J’étais… J’étais aux toilettes.
- Ah. Ok. Alors, tu veux entendre la nouvelle ?
- Oui, bien sur.
- Jelly marche à la perfection.
- … Jelly ?
- Le forum qu’on a créé l’année de tes 12 ans.
- Ah oui. Mais qui s’en occupe.
- Julie. Et… Lisa.
- Arté ?
- Ouais. Bon, bref, tu verras ça de tes propres yeux. Inscris-toi. Inès et moi c’est fait. Avec des pseudos un peu bizarres. Tu comprendras. »
Et elle m’a raccroché au nez. Merci Lucie. Grâce à toi je sais que mes amies ne veulent pas me confier des secrets. Comment je vais deviner moi ? Bon, j’allume mon ordinateur et tape Jelly dans la barre de recherche.


*

Paris, même heure, même jour.

Enfin seule. Il n’y a rien à dire, le collège est juste vraiment horrible. Je veux dire, les élèves sont sympas mais franchement, qui veut écouter un prof de français pendant des heures. Je n’arrive même pas à attirer leur attention pendant une minute. Si, quand j’enlève mon pull, alors là, les garçons me regardent avec les yeux grands ouverts. Merci beaucoup de m’avoir donné des élèves aussi attentifs aux seins des filles. De leur prof en plus, ils devraient avoir honte, non mais. Tous aussi débiles les uns que les autres. Je retire ce que j’ai dit, les élèves sont horribles. Aussi horribles que mes collègues, le collège, les toilettes de la salle des profs, la cantine et ma principale. Mais le pire, le pire, c’est la récréation. Voici la discussion très intéressante que nous avons eut, nous profs.
« Alors Jasmine, les 4ème B, comment tu les trouve ?
- Insupportables. Même pas capables de dire que 1+2 = 3. Et je n’exagère pas. Ils arrivent à peine à poser une multiplication. Et toi Julie, ton cours avec les sixièmes ?
- Aussi nul que toi et tes quatrièmes. Et encore, le pire, c’est les troisièmes, ils ouvrent l’œil quand j’enlève mon pull.
- En effet, moi c’est les sixièmes, je ne supporte pas leurs commentaires d’intelligents.
- Bien sur, ils veulent à tout prix se faire remarquer. »
Et ainsi de suite pendant je ne sais combien de temps. Les élèves sont adorables de l’extérieur, mais à l’intérieur, c’est des diablotins. Comme ma classe à l’époque, ça ne changera jamais. Les élèves sont voués à détester les cours comme les profs sont voués à les éliminer un par un aux heures de colles. Mais bon, la seule chose dont je n’ai pas envie de parler, ce sont mes cours de la journée. Je me dépêche donc vers le centre commercial qui ferme un peu plus tard dans la soirée. Inès et Andréa m’attendent. La rue bondée, je marche en direction du petit café dans lequel j’ai rendez-vous avec mes meilleures amies. Quand Inès m’aperçoit, elle me fait signe. Elle a des beaux cheveux noirs qui ondulent parfaitement. A vrai dire, il me semble qu’elle les avait bruns à une époque, mais plus maintenant. Sa peau est bronzée et scintille parfaitement. Ses yeux marron me donnent envie de la croquer. Elle est magnifique. Andréa, à ses côtés a attaché ses cheveux crépus en un chignon réalisé avec minutie. Aussi jolie que son amie, elle a pourtant toujours ignoré sa beauté et reste célibataire. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle a dû s’inscrire sur Meetic, le site de rencontres légendaire. Elles boivent toutes les deux un café frappé, et moi, je commande un smoothie banane-framboise. Ensuite, on ira faire les boutiques comme d’habitude. Cette vie, je la connais depuis mes 18 ans, quand je suis partie de Montpellier pour venir ici, à Paris. Tous les lundis soirs, je rejoins mes deux amies et on suit ce programme à la lettre. C’est presque si on ne prévoit pas à l’avance quels magasins on dévalisera. Mais, j’adore cette vie, elle est simple, efficace et joyeuse. Inès se lève et me serre dans ses bras aussi fort qu’elle le peut. Andréa la suit et me tient les deux mains en regardant mes yeux, comme à chaque fois que je la vois. Elle adore faire ça, soi disant parce-que mes yeux sont beaux. Je m’y suis habituée, comme à tout. Je lui rends donc le regard insistant puis j’éclate de rire, un sourire se formant sur le visage de ma compagne. Je m’assois et sort un paquet de copies. Inès lève les yeux au ciel et Andréa ricane. Elles adorent me voir travailler quand elles se détendent. Inès n’a pas encore fini ses longues études en médecine, pour devenir je ne sais quoi. Andréa, elle, a abandonné la FAC au bout d’un an, elle a ensuite décidé de travailler en tant que secrétaire dans un lycée de banlieue, ce qui ne la fait pas plus rigoler. Mais aujourd’hui, je pense que mes deux amies préfèreraient profiter de moi, pas me regarder corriger des centaines de copies inutiles à leurs yeux.
« Julie… Relax quoi…
- Inès, tu sais bien que j’ai des copies à corriger et que je ne peux pas abandonner mon travail comme ça.
- Mais Inès a raison, on avait commandé des billets pour le salon de massage super chic.
- Les filles, je vous adore et on va y aller mais je dois corriger ce contrôle, il date de la semaine dernière.
- Bon, d’accord mais dépêche toi, Andréa a dépensé toutes ses économies de secrétaire perdue pour nous avoir ces billets. En plus, il y a un salon de coiffure, de manucure, pédicure, beauté intégré,  tu imagines, tu vas pouvoir te faire belle pour quelqu’un de ma connaissance.
- Tu l’as rencontré hier je te rappelles. Par pur hasard.
- Oui, mais ça compte.
- Andréa, interviens un peu, dis-lui qu’elle raconte n’importe quoi.
- Je ne prends pas de parti.
- Aha. Tu vois, elle n’est pas d’accord avec toi, miss parfaite.
- Mais elle n’est pas d’accord avec toi non plus, miss je ne comprends rien.
- Les filles, on arrête de se disputer pour des billets.
- Que tu as acheté avec toutes tes économies.
- Tu as déjà répété ça quatorze fois Inès !
- Julie, tu sais, je n’ai pas toujours tort et toi, tu n’as pas toujours raison.
- LES FILLES !
- Quoi ???
- Julie, ne fais pas semblant de ne pas savoir que tu m’énerves.
- JE PARLE DE VOUS DEUX !
- Désolée… Andréa, tu sais bien qu’on est assez…
- Assez semblables.
- Ah oui, ça c’est sur, vous avez le même caractère de… de… de filles dépassées.
- Je suis dépassée, tu le sais bien, entre mes élèves et mes collègues.
- Et moi, tous ces cours me donnent mal à la tête.
- Vous savez quoi, ces tickets, je vais les prendre avec moi, et les donner à Inès, Lucie et Estelle. Avec l’adresse que tu m’as gentiment donnée Julie.
- Non ! Pas elles !
- Si. Et maintenant, corriges tes copies. Inès, tu ferais mieux de réviser tes maths si tu veux avoir une chance de réussir ce concours. »
Jamais Andréa ne s’est énervée comme ça auparavant. J’ai dû vraiment pousser le bouchon trop loin. Mais en même temps, Inès a bien insisté. Je me lève et pousse sa tasse de café, celle d’Inès bien sur. Elle me jette un regard noir, et elle essaye de faire tomber mon smoothie que j’ai laissé sur la table. Mais je l’attrape à temps, ramasse mes copies et donne un billet de 20 euros à mon amie. Au moins elle pourra payer ce qu’elle a cassé. Elle prend le billet et le déchire sous mes yeux. Je fourre mes copies dans mon sac rayé bleu et blanc que j’emporte partout. Je quitte l’endroit sous le regard méfiant d’Inès, qui se retourne et sort un cahier de maths. Si elle n’a pas compris la leçon, elle finira bien par s’en rendre compte quand même. Je rentre dans le centre commercial et en ressort une heure plus tard avec des dizaines de sacs remplis à ras bord. Inès aurait adoré mes courses, mais comme elle a été trop têtue pour me laisser travailler, autant me débrouiller sans elle. Je vais aller à la bibliothèque pour corriger mon paquet de copies. Ensuite, je vais rentrer et voir si Louna a fini de faire ses courses pour moi. Louna est une amie. Avant, on ne se parlait pas beaucoup, mais elle a fini par arriver à Paris et on est devenues amies. Elle est fiancée à Mathias et va même l’épouser dans quelques mois. C’est un peu la preuve que toutes les histoires d’amour ne se finissent pas mal étant donné qu’ils se connaissent depuis la sixième et sont sortis ensembles à partir de la cinquième. Je les connais donc tous les deux. Je ne dis pas qu’ils ne se sont pas séparés même si je n’en sais rien, mais ils sont toujours ensembles actuellement. Et ils s’aiment vraiment. Comme moi, je suis amoureuse en ce moment. Je ne sais pas exactement de qui, mais je sais que je vais épouser celui que j’aime réellement. Dans six semaines, deux mois. J’ai tellement hâte. Bien sur, j’espère ne rien regretter ensuite, ne pas avoir à divorcer comme toutes ses familles reconstituées que je déteste. Estelle avait une famille reconstituée. Demi-sœur de Mathias et de sa sœur Laura, elle avait également une sœur Léa, mais je n’ai plus vraiment de nouvelles de sa famille depuis que je suis partie. En même temps je l’ai bien cherché, qui voudrait rester en contact avec une fille qui part et laisse ses amies en plan, dans une période décisive de leur vie, le passage à l’âge adulte. C’est de ma faute, mais je n’oublierais jamais ce qu’elles m’ont fait. Ce n’est pas totalement de ma faute. Inès a fait ce qu’elle a fait, Estelle aussi, et elles le regrettent surement maintenant. Ou elles ne s’en sont pas rendues compte et elles continuent de vivre leur vie. A Paris. Rien que de savoir qu’elles sont dans la même ville que moi, ça me dégoute. J’aurais préféré qu’elles restent perdues à Montpellier. J’ai découvert qu’elles habitaient à Paris car j’ai un ami qui va intégrer le cours d’arts plastiques d’Inès, commençant demain. J’ai envie de vomir rien que d’y penser. Un ami avec une fille aussi horrible qu’Inès. J’aurais préféré qu’il aille aux cours avec l’autre Inès. Celle qui vient de me crier dessus. Oui, c’est peut-être bizarre, mais la première Inès est bien pire que celle là. Toujours à se mêler des affaires des autres pour être populaire. Elle n’est même pas tombée amoureuse alors qu’elle se plaint d’être célibataire. Il faut se décider dans la vie. Quand on fait un choix, on en assume les conséquences. Elle ne tombe pas amoureuse, elle reste célibataire. C’est le cycle de la vie. Je l’ai découvert en sortant avec deux garçons en même temps. Ça ne s’est pas arrangé, mais à quoi servirait la vérité si on ne peut pas mentir. Il y en a un qui sait tout et l’autre ne sait rien. Au moins, c’est clair pour moi. Je n’ai pas à me soucier des problèmes des autres. Depuis que je suis petite je me défends pour pouvoir vivre le mieux possible. Maintenant, je suis fiancée, j’ai une belle maison, je suis riche et j’ai même un boulot stable. Contrairement à d’autres personnes, en pensant aux deux Inès et à mes autres amies qui n’ont pas trouvé leur voie, je suis vraiment heureuse. Et bien sur, j’assume ce que je fais. Mais il arrivera un jour où la vérité sortira, même si je compte attendre bien longtemps avant de découvrir qui a fait ça. Ma vie n’est pas un désastre. Passons, je suis restée à la bibliothèque pendant tellement de temps que je ne me suis pas rendue compte que j’ai fini de corriger mes copies. Je peux enfin sortir, rentrer chez moi, en faisant un petit détour chez Inès, pour m’excuser. Tout à l’heure, les mots, les actions, tout est sorti tout seul. Même le billet a été déchiré accidentellement je pense. On était tellement en colère après Andréa qu’on n’a pas réfléchi à la conséquence de nos actes. C’est déjà mieux que de s’être battues en public, avec les mains. On est restées polies. Je sais qu’il y avait peut-être certains de mes élèves, mais au moins, j’ai sorti mes émotions. Inès habite près de chez moi, dans un immeuble, au premier étage. En rentrant dans son appartement, avec mes clés de rechange, je la vois sur son lit. Elle me regarde avec dégout. J’essaye de m’approcher d’elle mais elle me lance quelque-chose que je ne réussis pas à éviter. De l’Ice Tea. Super. Elle s’approche de moi et me pousse violemment. Je me lève, me retourne et lui claque la porte au nez. Je cours en direction de ma jolie maison avec une vue extraordinaire. En rentrant, je sors mon ordinateur et je peux enfin aller sur Jelly. Mon site préféré, je passe la majorité de mon temps dessus. Mon forum que je garde depuis des années maintenant. Je regarde les nouvelles inscrites et je ne peux pas m’empêcher de ricaner. Une fille de 8 ans, sous le pseudo de Petit Ours Brun. Elle s’appelle Geneviève et adore les poneys. La deuxième a 10 ans, sous le pseudo de Barbie. Elle s’appelle Gertrude et adore les poupées aux cheveux blonds. La dernière inscrite de la journée a 12 ans sous le pseudo de Polly Pocket. Elle s’appelle Gabriella et est fan des avions en papier qu’on lance. Je me demande comment ces filles choisissent leur pseudos. Elles sont ridicules. J’en profite pour envoyer un mail à Lisa qui attend surement des informations sur la journée. Elle m’a déjà prévenue que les nouvelles étaient accueillies par les Jelly News. Je lui réponds que c’était OK. Je déteste les nouvelles qui se la pètent et au contraire, ces trois filles sont polies, gentilles, même un peu trop à mon goût. Elles sont curieuses, posent des questions, ça me perturbe vraiment. C’est comme si elles cherchaient quelque-chose à travers ce site. Elles sont sœurs, je pense que j’aurais deviné par moi-même. Au bout d’un moment. Je continue à regarder les pages du site. Certaines filles ont dépassé un certain nombre de points, je leur donne leurs grades. C’est une habitude pour moi. Je leur donne des grades, en échange, je me sens mieux. Après quelques minutes passées sur les grades, je regarde les reviews postées. Je donne des conseils, je rectifie, je félicite. C’est toute une expérience. Ensuite, je me charge de donner des petites missions aux Jelly Angels et Jelly News. Elles apprennent vite donc je me débrouille bien avec elles. Au bout d’une dizaine de minutes passées sur le site, je me rends sur mon fichier Word et continue d’écrire. Cela fait tellement de bien de voir les mots défiler, les nombres augmenter. Je me demande bien ce que Louna et Mathias font. Je leur avais demandé de se dépêcher. Et justement, la sonnerie retentit et je me dirige à pas pressés vers la porte d’entrée. Je l’ouvre et découvre Louna, souriante. Je la serre dans mes bras avant de regarder derrière elle. Mathias tient deux filles par la main.
« Elsa ! Anna ! Ça va les filles ? »
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Message par MeiMei Lun 5 Mai - 8:31

I'm lovin' it ! <3
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Message par Hazel Grace. Lun 5 Mai - 9:28

Merciiii. Des commentaires particuliers ?
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